Les choses à mon sens les plus difficiles à gérer dans un tour à vélo (par ordre décroissant)
1) La solitude
Voyager seul, peut amener une carence de communication parce qu’on ne rencontre pas assez de monde, parce que la barrière de la langue nous empêche de partager avec les gens du coin, parce que discuter avec des inconnus ce n’est pas comme discuter avec des amis. Le voyage à vélo accroit ce sentiment parce qu’en ne fréquentant que peu les grandes villes et les lieux touristiques, les contacts avec d’autres voyageurs sont une rareté. En dehors des grandes villes, la communication est plus difficile parce que les villageois ont de moins grandes connaissances en langues étrangères. Camper seul dans des lieux isolés n’est pas facile à gérer au début mais on s’habitue.
A deux, c’est tellement plus facile de se répartir les bagages et les tâches, de développer un site internet, de se reposer ou d’étudier l’indonésien pendant que l’autre cuisine, fait des photos alors que l’autre discute. Quand il s’agit de faire le premier pas, d’aller vers l’autre, on se sent plus fort quand d’autres personnes nous soutiennent. En cas de coup dur, l’entraide permet de passer plus facilement outre.
La faiblesse du voyageur solitaire devient souvent une force. Il n’est pas facile de supporter l’autre sur de longues distances, 24 heures sur 24 même s’il s’agit de son conjoint. Etre seul, ça permet d’être ouvert à l’autre, d’écouler le gazouille et le silence de la nature et de pouvoir sonder les profondeurs de son âme. En parlant le russe et en connaissant bien cette culture, le contact me paraissait tellement facile que je ne m’ennuyais que rarement dans tous les pays slaves ou d’ex-URSS. La solitude était le meilleur des contrecoups après de riches échanges.
Les cyclistes au long court ne sont pas nombreux mais la communauté est soudée et les rencontres sont souvent intenses. Il est possible de rencontrer pas mal de cyclistes en choisissant des itinéraires plus prisés ce qui m’est rarement arrivé car j’ai conçu mes itinéraires moi-même sans l’aide de guides touristiques ou des conseils d’internet et en traversant nombre de régions aux mauvaises saisons… J’aurais aimé plus de compagnie pour mes premiers petits voyages en Europe mais quand je suis parti en direction de la Mongolie, je n’en éprouvais pas le besoin. Il n’y a rien de pire qu’un compagnon non désiré.
2) Faire le bon choix
Quelle route prendre ? Combien de temps rester dans une ville ? Qu’écrire, quelles langues apprendre ? Combien de temps se reposer et comment choisir devant l’infinité des possibles ? Les traquenards administratifs et les saisons ont l’avantage de restreindre cette infinité de possibles. Voilà au moins un point positif pour les ambassades sans compter qu’elles fournissent des anecdotes enrichissantes et un premier contact avec le pays si convoité.
3) Le danger
Aller d’une ville à l’autre, d’un site touristique à l’autre en voiture n’est pas comparable. Il n’y a pas la même vulnérabilité.
La peur du voyage est amplifiée par le climat actuel. C’est un des facteurs qui m’a fait retarder mon voyage de si nombreuses fois. Jusqu’à ce que je comprenne enfin que l’on pouvait vivre en quelques semaines ce que l’on ne vivra jamais pendant une décennie. La peur est le corolaire de l’aventure, elle est indispensable pour qui veut sortir des sentiers battus et surtout empêche d’aller trop loin.
Le voyage n’est pourtant pas plus dangereux aujourd’hui qu’hier. De nombreux pays ou les gens voyagent librement aujourd’hui étaient, il y a peu, en guerre (Yougoslavie, Cambodge, Laos, Vietnam) ou inaccessibles (URSS, Mongolie, chine) sans parler des guerres mondiales. Le vol ciblé sur le tourisme se développe mais il est confiné à quelques endroits. Les attentats sont restreints à certaines zones. On a bien plus de chances de mourir d’un accident de la route que du terrorisme. Je touche du bois. Pour le moment, c’est plus le sentiment d’insécurité qui s’est développé pas le danger lui-même. Autre danger : la maladie. Et aujourd’hui, les traitements contre les maladies sont bien meilleurs qu’hier. Les gens sont en général gentils et souvent indifférents, rarement criminels.
Je ne me suis jamais particulièrement méfié des animaux. Les plus dangereux pour moi ont certainement été les tiques avant que ma route ne me mène vers le sud. A l’échelle mondiale, l’animal le plus dangereux est le moustique, plus de 800’000 morts par an parce qu’il transmet la malaria (les chiffres et le classement sont indicatifs. Ils varient d’une source à l’autre). La transmission de maladies à l’homme est le plus grand risque et n’est pas l’exclusivité du moustique (vers parasitaires par exemple). L’homme est le second animal le plus dangereux (plus de 500'000 morts) avec loin derrière lui, les serpents (60’000) et les chien (plus de 15'000) qui transmettent la rage. Les grands prédateurs sont loin derrière avec, par exemple, le crocodile (1'000 morts), l’éléphant (100), le loup (une dizaine) ou le requin (6).
Si le risque d’être attaqué par un grand prédateur est dérisoire par rapport à d’autres risques, on le craint plus que tout, comme si se faire avaler par des créatures que l’homme est sensé dominé serait le pire des affronts : l’humanité est sensée régner sur les autres créatures de la création.
Notons aussi que le rapport de l’homme au grand prédateur a changé. Il y a un peu plus d’un siècle le tigre était présent dans de vastes régions d’Asie où il a maintenant disparu. Dans les temples bouddhistes du Sud-Est asiatique, les prières pour se protéger de ses attaques étaient parmi les plus nombreuses. Le tigre a graduellement été exterminé un peu partout et est devenu plus méfiant de l’homme. Aujourd’hui, il serait responsable de 50 morts par année.
Deux adages russes peuvent lancer le débat à ce sujet : « ne va pas dans la forêt où le loup n’entre pas » qui fait échos à « qui a peur du loup revient sans champignon ».
4) Les routes
La circulation est le premier danger pour un voyage à vélo parce qu’on est dépendant de ce qu’a bu les automobilistes et de la qualité de leur vue. Avant de conduire mange des carottes Jean-Kevin !
Le choix de la bonne route est primordiale non seulement pour diminuer les risques d’accident mais surtout pour faire une belle expérience du pays. Bien souvent les routes conseillées çà et là manquent de mystère et se terminent par un parking.
5) Etre loin de chez soi
Un adage russe dit, « être invité c’est bien mais être chez soi c’est mieux » ou comme le disent les italiens « Les invités c’est comme le poisson, après trois jours ils puent ». Mais qu’est ce qui me manque vraiment, la famille, quelques amis, quelques lieux et les jours de fête. Et puis surtout, une atmosphère et le sentiment d’être chez soi.
6) Ne pas aller vite
Malgré ce qu’on aime dire, il est possible d’aller vite en voyageant à vélo mais rencontrer l’autre prend du temps. Etre toujours sur selle n’est pas envisageable et une performance sportive sur des années n’a pas vraiment de sens. En général, plus le voyage s’allonge pour les cyclistes au long cours, moins la performance sportive est centrale.
Mais que faire? Avoir d’autres objectifs. Le vélo ne peut constituer une fin en soi. Autant y être préparé, avoir de quoi s’occuper, des choses à investiguer ou alors ne pas partir pour trop longtemps.
7) Réparation du vélo
Ça prend du temps mais quasiment tout est réparable si on a choisi le bon vélo. Les pièces de rechange se trouvent assez facilement pour un vélo standard… En cas de grosses pannes, on peut souvent compter sur les usagers de la route ou un bus. Il faut toujours essayer de repartir d’une grand ville avec un vélo en ordre car sinon les problèmes s’accumulent. C’est plus un faux vrai problème qu’un problème. Sauf quand ça casse au milieu de nulle part, sur une piste où il n’y a vraiment personne …
Derniers commentaires
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C'est beau, c'est plein de vie et d'humanité; merci pour le partage de tes voyages.
Lieber Dimitri.
Herzlichen Dank für deinen Besuch. Du hast Spuren bei uns hinterlassen...
Liebe Grüße
Jasmin
Hello